7 septembre 2023

La réutilisation fait bouger la suisse

La tendance à la réutilisation est enfin arrivée  en Suisse. Le 28 août, près de 100 actrices et acteurs se sont réunis à Bienne pour un premier événement national afin de trouver des solutions pour plus de réutilisation en Suisse.  « Cela n’avait jamais été fait avant et il était urgent d’organiser une telle rencontre », s’accordent à dire de nombreuses participantes et participants réunis par le projet « Au REverre » qui s’engage pour plus de la réutilisation en Suisse. 

La population suisse veut consommer de manière plus durable, les matières premières se font plus rares et plus chères, les entreprises et les communes se fixent des objectifs climatiques ambitieux. L’UE prend les devants en matière d’économie circulaire et de réglementation des emballages, ce qui a des répercussions sur l’industrie exportatrice et les développements politiques en Suisse. La réutilisation est le mot d’ordre du moment. 

Des écosystèmes de réutilisation 

La réutilisation a également suscité l’intérêt de nombreuses entreprises suisses. Mais le passage d’un système à usage unique à une filière de réutilisation n’est pas simple. C’est pourquoi l’événement bilingue a réuni des actrices et acteurs aux profils variés et compétences diversifiées : 

  • les productrices et producteurs qui souhaitent conditionner leurs boissons dans des emballages réutilisables, ainsi que le secteur de la production de machines, de harasses et d’étiquettes, 
  • le commerce de détail, en contact direct avec les consommatrices et consommateurs à travers la vente et la collecte des bouteilles réutilisables,  
  • les représentantes et représentants de l’administration publique qui souhaitent aider à la transition, notamment par une gestion adaptée des déchets ou des mesures de soutien, 
  • les associations et les ONG dont la connaissance de ce secteur est précieuse et qui permettent de multiplier les projets locaux, 
  • et des scientifiques renommés qui apportent leurs connaissances et expertise.  
Foto der Teilnehmer während einer Präsentation bei der ersten Schweizer Veranstaltung zur Wiederverwendung.

Des intervenants de l’étranger ont parlé des développements dans leurs pays et de leurs expériences. En outre, des actrices et acteurs pionniers suisses de la réutilisation ont donné un aperçu de leurs activités en cours.  

Trouver des solutions 

L’après-midi, des ateliers ont permis de travailler sur des solutions concrètes : quels défis peuvent être résolus techniquement (par exemple pour le retour des bouteilles), quelles conditions-cadres doivent être adaptées (par ex. objectifs detaux minimaux d’emballages réutilisables) et comment convaincre les clientes et les clients ? 

Foto der Diskussionspanels sowie der Teilnehmer, die während der ersten Schweizer Veranstaltung zur Wiederverwendung anwesend waren.

À la fin de l’événement, des actrices et acteurs pionniers de la réutilisation ont échangé au sein d’un panel :

  • Alexandre Fricker (Directeur, Opaline) :

« Réutiliser nos bouteilles – une nécessité pour atteindre l’objectif ambitieux du net zéro en 2030. » 

« Parlez d’une voix unie aux politiques et vous pourrez faire bouger les choses. » 

  • Matthias Huber (Directeur, Kooky) :

« La réutilisation s’impose d’elle-même lorsqu’elle est simple et pratique. » 

  • Jeannette Morath (CEO & Founder, reCIRCLE) :

« Nous devons nous adresser à la tête et au cœur des gens, et ouvrir la voie. » 

La réutilisation : des avantages économiques et écologiques 

La réutilisation du verre est bénéfique pour de nombreuses raisons : au sein de filières de réutilisation organisées à l’échelle régionale, le verre réutilisé constitue l’emballage le plus durable et il soutient en même temps l’économie locale. Mais la réutilisation n’économise pas seulement de l’énergie, des émissions de CO2 et des ressources. Elle rend la Suisse moins dépendante de l’étranger et offre des emballages au prix de plus en plus compétitif compte tenu de l’augmentation du prix du verre. 

La réutilisation : meilleur que le recyclage 

La réutilisation aide en outre la Suisse à devenir plus durable, car la réutilisation est une stratégie centrale de l’économie circulaire. Cela a-t-il plus de sens de laver une bouteille localement et de la remplir à nouveau ? Ou de la détruire d’abord,,  de la transporter, de la faire fondre en consommant beaucoup d’énergie, d’y ajouter de nouveaux matériaux, de la produire à nouveau et de la livrer ensuite ? Les chiffres sont clairs, par rapport à la réutilisation le recyclage nécessite beaucoup plus d’énergie, coûte plus cher, et il est en outre responsable d’importantes émissions de CO2. Les emballages réutilisables peuvent donc aider les producteurs et les pouvoirs publics à atteindre leurs objectifs climatiques et d’économie circulaire.  

L'équipe de présentatrices Johanna Huber et Martina Rapp, la bouteille innovante Echovai, et Hervé Le Pérzennec derrière la bouteille de lait réutilisable d'Emmi
La réutilisation : l’emballage durable  

De plus, les clientes et les clients souhaitent de plus en plus consommer de manière durable. L’emballage joue à ce titre un rôle important. En 2019, Greenpeace a mené unsondage sur la question des emballages réutilisables sur la base d’un échantillon de 1’077 personnes en Suisse romande et alémanique. 95% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles étaient en principe prêtes à acheter des produits dans des systèmes réutilisables. Les boissons se hissent parmi les trois catégories en tête de classement, toujours selon ce sondage. 

Par ailleurs, un sondage sur onze pays européens a conclu que les consommateurs préfèrent les emballages en verre, qu’ils considèrent comme le matériau d’emballage alimentaire le plus durable et sûr pour la santé. Cette conclusion correspond aux résultats d’une revue de la littérature portant sur articles scientifiques. Plusieurs des études analysées dans cette revue ont de plus enregistré des perceptions positives envers les emballages réutilisables. 

Un participant à l'atelier "Les obstacles et leurs solutions techniques", des bouteilles réutilisées du projet pilote "ça Vaud l'retour" et une intervenante lors de sa présentation.

La réutilisation : le contexte européen 

 

Une nouvelle directive est actuellement en préparation au sein de l’EU concernant les déchets d’emballage, directive qui comprend notamment des dispositions sur les emballages de boissons. L’Autriche veut atteindre un taux de réutilisation de 30 % d’ici 2030, et la France un taux de 10 % d’ici 2027. 

L’événement sur la réutilisation a été organisé par Au REverre, un projet du think and do tank sanu durabilitas qui s’engage pour une Suisse durable. Outre l’économie circulaire, sanu durabilitas s’engage également pour la gestion durable du sol. sanu durabilitas met la théorie en pratique, trouve des solutions et les teste. Elle évalue ensuite les expériences menées afin de formuler des recommandations pour les décideuses et décideurs. Le projet « Au REverre » a été financé jusqu’à présent par la fondation Minerva. 

L’événement a été sponsorisé par  Vetropack, Stöckli, la ville de Bienne, Wiegand-Glas et le Gehring Group. Il fait partie de la série d’événements « Circular Economy Ecosystem Session » et a été soutenu dans ce cadre par Innosuisse 

 

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